Apéro citoyen du jeudi 6 juin 2019

J’ai eu le plaisir de recevoir des habitants de la circonscription à l’occasion d’un nouvel Apéro citoyen. Venus en couple ou en solo, étudiants, actifs ou retraités, engagés bénévolement, ou ayant une conscience écologique aigüe, ils ont été plusieurs à répondre à mon invitation.

Nous faisons un petit tour de table pour nous présenter. Nous ne nous connaissons pas, nous ne serons peut-être pas d’accord sur tout… le principal étant de débattre, d’argumenter et de respecter la parole de l’autre.

Isabelle et Benoît habitent le Taillan-Médoc. Isabelle est infirmière, et Benoît bénévole dans une association d’aide aux migrants.

Chantal est elle aussi Taillanaise, et mère de 5 enfants.

Dominique, Philippe et Jacques sont tous trois retraités et vivent à Saint-Médard-en Jalles.

Quant à Sarah, elle est étudiante et Saint-Aubinoise. Elle n’a pas pu rester longtemps parmi nous, travaillant ce même soir, mais j’aurai l’occasion de la réinviter.

Écologie

D’emblée, Chantal nous fait part de son inquiétude au sujet du projet « Montagne d’or », soit l’ouverture d’une mine d’or à ciel ouvert en Guyane. Je sais que le Premier Ministre et le ministre de l’Écologie ont déclaré en l’état ce projet « (…) incompatible avec les exigences de protection de l’environnement (…) ». La décision n’est pas soumise au Parlement, mais l’affaire est à suivre. Chantal nous parle aussi d’une société qui collecte les mégots de cigarettes, et qui en recycle les filtres, qui contiennent du plastique. Elle propose que les communes s’équipent de points de collecte dédiés.

Elle évoque ensuite ses enfants : ces derniers sont très angoissés par le devenir de notre planète, et cela impacte directement leurs choix de vie. Nos enfants héritent d’un monde qu’ils n’ont pas fait. Ils ne doivent pas se sentir coupables. Par contre, la jeunesse d’aujourd’hui doit se sentir responsable.

Les femmes et les hommes politiques ne sont jamais que des représentants de la société. Je crois en la politique, et en l’éducation. Je cite en exemple le collège de Martignas-sur-Jalle, très engagé sur la question de l’écologie, et seul collège de la Gironde à avoir obtenu le label « E3D » (“École ou Établissement en Démarche globale de Développement Durable”). La protection de l’environnement est un sujet d’éducation, et dont on doit se saisir dès le plus jeune âge. Il faut arrêter de dire que l’on verra « plus tard ». On peut continuer à attendre des autres ce dont on sait déjà qu’ils ne feront pas. On peut aussi décider de faire à leur place. J’engage d’ailleurs tous les jeunes que je rencontre à consulter leur conscience, à ne rien s’interdire, à transformer leur engagement en geste politique.

Philippe aborde le problème posé par les lingettes qui bouchent les grilles des stations d’épuration, Benoît s’avoue déçu de la démission de Nicolas Hulot et de son départ du Ministère de la Transition écologique et solidaire.

Démocratie

Puis Philippe m’interroge sur le cadre de ma liberté de choix en tant que représentant de la Nation : les députés sont élus par les électeurs de leur circonscription, mais selon lui, une fois élus, ils obéiraient à leur parti politique, et n’auraient plus à rendre compte de quoi que ce soit à leurs électeurs ? Ces propos sont à nuancer : en effet, la parole du député est libre et indépendante. De plus, le député a le pouvoir d’amender, c’est-à-dire de modifier les textes de loi. Quand il n’est pas d’accord avec la ligne de son parti, il peut s’abstenir, ou voter contre. Mais quand il vote systématiquement contre son parti, alors il n’a plus rien à y faire.

Benoît rebondit : pourquoi le vote est-il public, et non anonyme ? De son point de vue, il oblige à se conformer à la volonté de son mouvement. J’estime au contraire qu’à partir du moment où l’on a voté pour un élu, il est indispensable de savoir à son tour ce pour quoi lui, vote. Et je considère aussi qu’un élu doit assumer ses positions. Par exemple, je n’étais pas d’accord avec la première lecture de la loi EGALIM (Loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable votée en octobre 2018). Lors du vote, je me suis abstenu.

Prélèvements sociaux et contexte économique

Dominique ne comprend pas pourquoi, après avoir travaillé pendant 40 ans, et bénéficiant aujourd’hui d’une prime de retraite, elle est autant taxée qu’une personne active. Philippe ajoute qu’il est dommage d’avoir supprimé l’ISF et de pénaliser les retraités. Je rappelle que la fiscalité est malgré tout en baisse : exonération progressive de la taxe d’habitation, défiscalisation des heures supplémentaires… Le projet du Gouvernement est de réinjecter tous ces produits dans l’économie, pour que ces richesses profitent à tous. Je les invite à consulter les différents indicateurs économiques : la France a actuellement plus d’espérance de croissance que l’Allemagne ! Et le taux de chômage actuel n’a jamais été aussi bas depuis 2005. Il s’agit ici d’une baisse structurelle, et non pas des effets d’emplois publics déguisés. D’ailleurs, je suis personnellement contre les contrats aidés. Les statistiques le prouvent : à l’issue de ces contrats, 75% des personnes se retrouvent au chômage. Elles n’ont bénéficié d’aucune formation, et ces contrats à temps partiel entretiennent la précarité. Il nous faut être plus ambitieux ! L’objectif est de générer de la richesse, pour qu’elle soit partagée plus équitablement. Je pense que les résultats sont en train d’arriver. Les indicateurs économiques sont bons.

Mobilité, aéroport

Dominique, dont le domicile se trouve sous le couloir aérien, se plaint des nuisances sonores liées au trafic des avions de tourisme. Ce qui fait rebondir Benoît, Philippe et Isabelle sur le sujet de l’aéroport de Mérignac. Avec la ligne LGV, on s’attendait à ce que le nombre de voyageurs par avion baisse de 1 million. Cependant, en 3 ans, on est passé de moins de 3 millions de voyageurs transitant par l’aéroport de Mérignac à près de 7 millions, pour en atteindre bientôt 10. L’impact de ce développement est à prendre en compte, sur le plan économique, bien sûr, car il va générer des emplois, mais aussi d’un point de vue environnemental, que ce soit au niveau de la pollution de l’air ou sonore, de l’impact sur la biodiversité et sur la circulation sur la rocade bordelaise.

Demande d’asile et immigration

Benoît, bénévole pour « La Main Tendue », une association d’aide aux demandeurs d’asile, partage avec nous son expérience. Il estime que la France n’est pas une terre d’accueil. Son association accompagne des réfugiés issus du Kosovo, d’Ukraine et de Géorgie. Il s’indigne que ces personnes n’aient pas le droit de travailler en France, ce qui dispenserait l’État de leur verser l’ADA (Allocation pour Demandeur d’Asile), mais les aiderait surtout à mieux maîtriser la langue française et à s’intégrer. Par ailleurs, une demande d’asile devrait prendre environ 9 mois. Dans les faits, les délais d’attente sont plutôt de 1 à 3 ans.

Je rappelle qu’il est important de bien différencier le demandeur d’asile, qui doit quitter son pays pour sauver sa vie, du migrant économique. On contribuerait au détournement du droit d’asile si ces personnes étaient amenées à travailler. Le recours à l’immigration pour le travail est bien différent. Le droit d’asile ne doit pas être la porte d’entrée de l’immigration.

Ce que la France doit à ces personnes, c’est la protection, et la décision de les accueillir sur son sol, ou pas. Le principe de la loi Asile Immigration est de réduire les délais d’attente, car nous sommes d’accord, mettre sa vie entre parenthèses pendant 3 ans, c’est insupportable. La France doit rester une terre d’asile. Une chose est sûre : on peut faire plus, et on peut mieux faire. Mais nous devons aussi préserver notre capacité à aider ceux qui en ont vraiment besoin. Je suis convaincu que l’on peut aboutir à un système plus humain et plus efficace dans lequel on trouvera notre honneur.

J’évoque alors la cérémonie d’accueil dans la nationalité française à laquelle j’ai participé un peu plus tôt ce même jour, un moment toujours émouvant pour ces personnes qui choisissent d’appartenir à une communauté, d’embrasser ses valeurs, et pour moi aussi, qui les accompagne pendant cet événement. À mon sens, une valeur prime sur toutes les autres : la laïcité, qui protège, et qui nous rassemble.

Il est bientôt 22 heures, la parenthèse de cette rencontre se referme. « Très intéressant » pour Philippe ; « Une première pour moi, j’adore » selon les mots de Dominique. Je remercie tous les participants, satisfait d’en savoir un peu plus sur les préoccupations de ces personnes que j’aurai, je l’espère, peut-être le plaisir de recroiser prochainement, et dont je m’efforcerai de porter et relayer les propositions et les interrogations.

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