
Aujourd’hui est un jour marquant pour les victimes de la Dépakine.
Ce médicament des laboratoires Sanofi-Aventis à base d’acide valproïque, qui a été prescrit de 1967 à 2016 aux femmes enceintes souffrant d’épilepsie et de troubles de l’humeur est, tout comme ses dérivés et ses génériques, dangereux pour le fœtus et provoque des malformations et des troubles neuro-développementaux.
Les dangers de ces médicaments pour l’enfant à naître sont connus depuis les années 1980. Or, les femmes n’ont pas été informées de ces risques pour leur enfant. La loi du 4 mars 2002 consacre pourtant le droit du patient à l’information. Cette information porte sur les traitements, leurs conséquences, les risques qu’ils comportent, les autres solutions thérapeutiques possibles, et les conséquences en cas de refus.
La Dépakine a dernièrement fait l’objet d’une nouvelle étude par l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé) et la CNAM (Caisse Nationale d’Assurance Maladie). Cette étude, publiée le vendredi 22 juin dernier, fait une estimation du nombre d’enfants exposés à l’acide valproïque pendant leur vie intra-utérine et présentant ces malformations et ces troubles entre 16 600 et 30 400. C’est la première fois qu’une telle estimation figure dans un document officiel.
La ministre de la Santé Agnès BUZYN invite ce jour, mardi 26 juin 2018, toutes les familles concernées à se mettre en relation avec l’ONIAM (Office national d’indemnisation des accidents médicaux) et à déposer un dossier de demande d’indemnisation. Charge à l’État de se retourner ensuite contre le laboratoire Sanofi et lui faire reconnaître ses responsabilités en compensant le fonds d’indemnisation.
C’est un nouveau pas dans la reconnaissance de la souffrance des enfants et de leurs familles.
Je salue cette main tendue par la ministre, qui répond concrètement à l’appel de l’APESAC (Association des Parents d’Enfants souffrant du Syndrome de l’Anti-Convulsivant).
L’APESAC est une association créée en 2011 qui lutte contre « les intoxications du fœtus aux anti-convulsivants ou régulateurs de l’humeur, prescrits à la mère pendant la grossesse, pour épilepsie ou troubles bipolaires ». Cette association, agréée par le ministère de la santé, reconnue d’utilité publique, est une aide irremplaçable pour les parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsivant.
J’ai rencontré, en février 2018, Laurence BLANCHARD, la représentante départementale de l’APESAC, qui était accompagnée de sa fille Lisa, directrice générale de l’association. Et j’ai participé au colloque organisé en mars dernier à Bordeaux par l’association, aux côtés de sa présidente Marine MARTIN, sur le thème : « Grossesse et anti-convulsivant, quels risques pour l’enfant à naître ? » pour lui apporter tout mon soutien.
Les avancées dues aux multiples démarches de l’APESAC sont notables : en 2015, l’interdiction de la prescription du valproate aux femmes enceintes, l’obligation d’information pour la prescription de la Dépakine, l’information sur les risques dans les notices et en 2017, l’obligation d’apposer un logo sur les boîtes de tous les médicaments toxiques pour le fœtus.
Tous les médicaments au valproate sont aujourd’hui interdits aux femmes enceintes et en âge de procréer. Plusieurs procédures relatives à l’indemnisation des victimes de la Dépakine sont par ailleurs aujourd’hui toujours en cours contre Sanofi.
Deux combats restent encore à mener : la création d’une campagne d’information et de prévention à l’attention du grand public, ainsi que la réalisation d’une étude de cohorte pour la deuxième génération.